14-18Hebdo

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79e semaine de guerre - Lundi 31 janvier au dimanche 6 février 1916

 

LUNDI 31 JANVIER 1916 - SAINT PIERRE NOLASQUE - 547e jour de la guerre

MARDI 1er FEVRIER 1916 - SAINT IGNACE - 548e jour de la guerre

MERCREDI 2 FEVRIER 1916 - PURIFICATION - 549e jour de la guerre

JEUDI 3 FEVRIER 1916 - SAINT BLAISE - 550e jour de la guerre

VENDREDI 4 FEVRIER 1916 - SAINT ANDRE CORSINI - 551e jour de la guerre

SAMEDI 5 FEVRIER 1916 - SAINTE AGATHE - 552e jour de la guerre

DIMANCHE 6 FEVRIER 1916 - SAINT TITE - 553e jour de la guerre

Revue de presse

-       Les Turcs évacuent Erzeroum

-       Les zeppelins sur la banlieue de Paris - Un second raid n'a pas atteint son but

-       La rupture paraît probable entre les Etats-Unis et l'Allemagne

-       L'Allemagne avoue la perte de 25% de ses sous-marins

-       Grande activité d'artillerie et de mines dans la Somme, en Champagne, en Argonne et dans les Vosges

-       Le défi allemand aux Etats-Unis

 

Morceaux choisis de la correspondance

31 janvier - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Le commandant Giraud reprend le commandement du groupe, le capitaine Aulard reprend le commandement de la 50e batterie.

 

Je voudrais bien, ma Mi, que tu me frises encore la moustache en étant assise sur mes genoux. Il fait si bon t’avoir là tout près de moi.

1er février - LUI.- J’ai reçu ta bonne lettre du 29 janvier. Nous partons cette nuit à onze heures et arriverons demain matin vers neuf heures. La journée d’aujourd’hui a été fatigante. Il a fallu beaucoup trotter pour mettre au courant les successeurs qui viennent de Champagne. Demain nous serons à Loupeigne à côté d’Arcy-Ste-Restitue où j’étais il y a deux mois. Puis nous allons dans un camp faire des manœuvres pendant quinze jours et ensuite nous irons je ne sais pas où. Jusqu’à nouvel ordre, écris-moi toujours à la même adresse et au même secteur.

 

Je voudrais bien comme toi que Paul Boucher fût décoré. Il me semble également qu’il mérite la décoration car voilà depuis le début de la guerre qu’il a assisté à toutes sortes de batailles. Et puis au moins tante Anna se tiendrait tranquille.

 

Je voudrais bien, ma Mi, que tu me frises encore la moustache en étant assise sur mes genoux. Il fait si bon t’avoir là tout près de moi. Mais n’y pensons pas trop car nous trouverions encore la séparation plus amère. Excuse-moi de ne pas t’écrire plus longtemps aujourd’hui. Je tâcherai de t’écrire le plus tôt possible.

 

La filature vient de recevoir 3 rames de houille à la fois, je me demande comment elle s’en tirera.

3 février - ELLE.- En relisant ta lettre, je vois les lignes relatives à mon peintre comme tu l’appelles, serais-tu jaloux par hasard ? Tu sais bien pourtant que tu n’as aucune raison de l’être, que tu es le mari adoré de ta femme et que jamais personne pourrait prendre la moindre place dans mon cœur qui t’appartient tout entier. Quant à dire que je suis adulée par tout le monde, c’est aussi une grave erreur, mais là c’est ton amour qui en est le coupable, car tu me vois avec des yeux indulgents ou amoureux, j’aime mieux le second que seul tu as pour moi, et je t’assure bien que personne d’autre ne les a, même pas Monsieur Galin. Et puis il a une grande barbe qui lui couvre depuis les yeux jusqu’au milieu de la poitrine et je déteste les barbes, cela donne aux hommes un air de fauve, de sauvage. Maintenant j’ai fini de dire des bêtises et je t’embrasse mon aimé chéri.

 

Il fait un soleil exquis, je suis cuite dans mon petit abri au fumoir. Si je n’étais pas si prudente j’aurais pu enlever mon manteau.

 

La filature vient de recevoir 3 rames de houille à la fois, je me demande comment elle s’en tirera.

 

J’ai eu aujourd’hui la visite de la femme d’Adolphe Viry qui était venue voir son mari. Elle m’a raconté qu’on gagnait bien moins maintenant qu’autrefois à Cornimont, qu’avant guerre elle se faisait 90 à 95 fr avec 3 métiers et que maintenant elle a du mal d’atteindre 80 fr, qu’on veut les faire travailler 11 heures mais en changeant encore les tarifs, qu’elle ne bénéficierait plus de la prime, qu’on leur enlèverait deux jours par mois. Enfin, ce sont encore des machinations de Mr Alfred Stouvenot, a-t-elle dit. Je n’ai rien compris à ses explications et, comme je ne pouvais ni ne voulais rien dire, n’ai pas demandé d’éclaircissements, je te les soumets comme elle me les a donnés. Elle a encore ajouté : « Je ne demande pas mieux de travailler onze heures, mais il ne faudrait pas que j’y perde ». Je me rappelle que Pauline m’avait déjà fait une réflexion semblable en septembre pour ses sœurs. Tu ferais peut-être bien de dire un mot au bureau à ce sujet, ce n’est pas la peine de paraître exploiter les gens.

 

Robert est adoré des bonnes, il peut faire les pire sottises, il est toujours excusé « c’est un enfant !! » répètent-elles, il n’a pas son pareil. Dimanche Elise a écrit à Pauline en lui vantant encore tous ses mérites, il est si intelligent, il est allé à la messe et a su me répéter tout le sermon, c’est un si bon petit, etc., etc. Tu vois que tu peux être fier de ton fils.

 

Le dernier bombardement de zeppelins a dû faire beaucoup de mal aux Parisiens. C’est tout à fait malheureux qu’on ne puisse pas trouver le moyen de leur rendre la pareille car ils recommenceront certainement.

3 février - LUI.- Je reçois tes bonnes lettres du 30 et du 31 écoulé. Nous ne sommes pas encore trop loin de notre ancien cantonnement et, comme la poste est à mi-chemin, j’ai fait prendre les lettres. Je n’ai plus de papier de deuil et t’écris sur du papier du Grand Meix.

 

Nous sommes seulement arrivés ici (Loupeigne) hier à onze heures après avoir voyagé toute la nuit et pris entre temps du vieux matériel de 90 que nous allons échanger prochainement contre du 75. Nous restons ici jusque dimanche et faisons tous les jours des écoles à feu de 75 pour habituer de nouveau nos hommes et nos gradés à le manier. Puis nous allons dimanche à 32 kms d’ici au camp de Ville-en-Tardenois, y resterons je crois une quinzaine de jours et retournerons définitivement sur le front mais je ne sais pas encore où.

 

Je trouve l’idée de Maman de vous envoyer pour février et mars à Arcachon très bonne. Mais si vous le pouvez, allez de préférence à l’hôtel, tu seras ainsi moins fatiguée que de diriger ton ménage dans une villa. Choisissez aussi un hôtel où il n’y ait pas trop de malades car il paraît qu’Arcachon en hiver en est bondé, c’est du moins ce que me disait un de mes camarades qui habite les Landes.

 

Je suis en effet très heureux de vous savoir loin des zeppelins et des bombardements. Je ne pense pas que les Allemands parviennent jamais à bombarder Docelles, mais dans ce cas je sais que tu partiras de suite. C’est inutile de trop faire la brave et c’est si bête d’être tué dans de pareilles conditions. En tout cas le dernier bombardement de zeppelins a dû faire beaucoup de mal aux Parisiens. C’est tout à fait malheureux qu’on ne puisse pas trouver le moyen de leur rendre la pareille car ils recommenceront certainement.

 

Continue, ma Mi, à jouer au bridge puisque tu aimes tant. Mais tu vas devenir si forte que ton Geogi n’osera plus jouer avec toi lorsqu’il reviendra de nouveau en permission. Les permissions sont supprimées depuis que nous avons quitté Soissons et j’ai bien peur qu’on ne les rétablisse pas avant que nous soyons retournés au front, ce qui ne fait pas beaucoup de plaisir aux hommes.

 

Je fais toujours mes petits calculs de moyennes de revient qui m’intéressent vivement.

4 février - ELLE.- Notre Dédé est toujours le même avec de la fièvre et de la toux. Aussi hier soir, nous avons fait chercher la sœur de Cheniménil pour qu’elle l’ausculte, craignant une bronchite, mais elle n’a rien trouvé sur les bronches et diagnostique une grippe, et nous lui donnons un petit cachet de quinine matin et soir pour faire tomber la fièvre. Il lit, crayonne dans son lit et le paresseux est enchanté de ne pas aller en classe.

 

Nous avons toujours le même temps doux, de belles routes sèches qui se prêteraient bien à l’auto ou à la marche si on était vaillant, mais je me borne à les admirer de mon petit coin et de ma chaise longue.

 

Je fais toujours mes petits calculs de moyennes de revient qui m’intéressent vivement. Si je n’avais plus su faire les quatre opérations, ce petit exercice me les aurait réapprises, car on en fait quelques-unes, je tiens cela très à jour. Maman est dans le mouvement car elle constate que ses prix qu’elle avait pourtant cru augmenter à temps sont presque tous déficitaires. Il est vrai qu’on fabrique en ce moment encore des papiers commandés en septembre, à ce moment-là les pâtes n’étaient pas si élevées que maintenant. Enfin, Maman a pris la résolution de ne plus accepter de commandes pendant une bonne quinzaine pour permettre d’éclaircir un peu notre cahier de commandes, et aux papiers de monter puisque les pâtes et les autres produits en font autant. Voilà encore les toiles métalliques, Maman en avait commandé 12 à 14 fr. le m² il y a 3 mois, et le fabricant écrit qu’il faut une autorisation de l’Etat pour les envoyer et qu’elles sont à 18 fr. actuellement. C’est vexant de voir que les contrats ne signifient plus rien, parce qu’on va dans l’inconnu.

 

J’ai demandé à Reutlinger de m’envoyer un cliché non retouché, car ceux qu’il m’avait adressés étaient vraiment trop corrigés, tu avais l’air d’avoir à peine 30 ans. Je viens de leur renvoyer le cliché choisi en les priant de laisser un peu plus de rides. Sous prétexte de faire une jolie photo, il ne faut pas enlever la ressemblance. Ils sont habitués à faire les belles actrices qui à 50 ans veulent en paraître 25 et vont être bien étonnés de ma réclamation.

 

Tu me dis de me faire photographier, mais j’attendrai que j’ai de nouveau une mine un peu plus florissante et que je ne sois plus de noir habillée, car cela n’est pas très avantageux pour le teint. Et puis je l’ai déjà été si souvent que cela n’a plus d’intérêt.

 

5 février - LUI.- Je reçois tes deux bonnes lettres du 1er et du 2 février. J’espère bien que la grippe de notre Dédé ne donnera rien de grave. Tu me dis d’ailleurs dans ta dernière lettre que la fièvre est à peu près tombée.

 

Moi aussi, ma Mi, je me rappelle qu’il y a un mois je prenais le train pour Docelles où j’allais passer auprès de toi des journées délicieuses, trop courtes malheureusement mais qui laissent toujours un souvenir exquis.

 

Nous quittons Loupeigne demain matin et allons au camp de Ville-en-Tardenois où nous resterons je crois une quinzaine. Nous avons enfin touché nos canons de 75 ce matin à Fère-en-Tardenois et rentrons seulement. Il est six heures et, comme j’ai quinze cents mètres à faire pour aller dîner, je me dépêche d’écrire à ma Mi car demain je crois que nous arriverons assez tard. Inutile de te dire que tout le monde dans la batterie est content de changer nos vieux canons. J’en suis personnellement d’autant plus heureux que j’ai eu hier un accident idiot. Un de mes hommes est tombé d’un caisson et sa tête qui a calé la roue a été très sérieusement endommagée. On croit qu’il y a fracture du crâne et qu’il n’en reviendra pas. Ce sont des accidents bien malheureux car, si contre les obus on ne peut rien, on se dit toujours qu’on aurait pu éviter un malheur pareil.

 

As-tu lu le compte rendu de la séance de la Chambre relative aux marchands de vin de Marseille ? C’est insensé. Nous ne sommes véritablement pas sérieux et nous aurons bien de la chance si avec de pareils gouvernants nous arrivons à vaincre les boches. Je voudrais cependant bien que cette guerre se terminât vite car je suis bien en mal de toi ma Mi et les permissions sont trop peu fréquentes pour nous remonter pour très longtemps. Enfin ces jours-ci il y a un peu de changement et si nous sommes bien fatigués je crois que personne ne se plaint et nous sommes tous en somme très heureux de changer de secteur.

 

Mon chéri, je voudrais bien encore être avec toi, jouer à la gamine en te frisant ta moustache. Prend-elle un bon pli maintenant, n’aurai-je plus besoin de la remonter quand tu reviendras ? En attendant je l’embrasse bien fort et la jolie bouche qu’elle cache et tout mon Geogi que j’aime tant.

6 février - ELLE.- Te voilà donc à l’arrière pour un moment, j’en suis bien contente. Avez-vous fait l’échange de vos canons ? Est-ce ta batterie seule qui est partie ou tout le groupe. Vous allez sans doute dans un camp de manœuvres comme il y en a un à Arches.

 

Nous avons reçu une lettre du jeune Callies que tu as vu ici. Il est tout près de l’Hartmanns. et nous dit qu’ils sont très marmités, qu’ils tirent énormément et espèrent être plus heureux que les boches qui ne les ont pas encore repérés. Sa lettre est très gentille. C’est vraiment un aimable garçon.

 

André va mieux, la fièvre a fini par tomber, mais maintenant ce sont les deux autres qui sont pris. Les voilà tous les trois au lit, un vrai hôpital. A part la fièvre ils n’ont pas l’air bien malade et chantent de tout leur cœur. Je reste avec eux le moins possible pour ne pas attraper le microbe à mon tour, ce qui serait fâcheux. Robert et André sont ensemble et crayonnent, bavardent et jouent d’un lit à l’autre. Hier Robert dessinait un soi-disant carrosse attelé de six chevaux et il se disait Charlemagne dans son carrosse. « Toi André tu seras Bayard ». Je lui ai demandé s’il savait qui était Charlemagne. « Oui c’est un roi qui visitait toujours les écoles ». Comme définition de Charlemagne il y a mieux et ce vieil empereur ne serait pas flatté qu’on rabaisse son rôle à celui d’inspecteur primaire.

 

Pauline m’écrit que l’eau ne vient plus à la maison, il doit encore y avoir une fuite. Elle m’avait déjà prévenue que l’eau diminuait et je lui avais fait faire des expériences avec les jets d’eau. Il paraît qu’ils marchent très bien avec une bonne pression, c’est donc tout près de la maison qu’il y a quelque chose. Je vais écrire à Stouvenot, car avec les officiers qui sont toujours à la maison, on ne peut la laisser sans eau, ce serait bien vite une infection. Pauline dit qu’elle en a déjà parlé à Mr Géhin mais qu’il a dit ne pas avoir d’ouvrier pour faire la réparation. On doit pourtant bien trouver un maçon quelconque dans Cornimont.

 

Je suis allée ce matin à la messe et me revoici installée sur ma chaise longue où il fait délicieux avec un bon soleil. Nous avons vraiment un hiver exquis. Maguy nous écrit aussi qu’il fait très doux chez elle, qu’elle met des blouses d’été.

 

Mon chéri, je voudrais bien encore être avec toi, jouer à la gamine en te frisant ta moustache. Prend-elle un bon pli maintenant, n’aurai-je plus besoin de la remonter quand tu reviendras ? En attendant je l’embrasse bien fort et la jolie bouche qu’elle cache et tout mon Geogi que j’aime tant. Ta Mi.

 

Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 06/02/1916 (N° 1311)

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L’empereur veut qu’on danse à Berlin

La grande préoccupation des dirigeants de l’Allemagne c’est de continuer à illusionner le peuple, à le tromper sur la véritable situation du pays. Le peuple, cependant, commence à savoir, mais on s’acharne toujours à lui cacher la vérité, à lui faire croire que rien n’est changé dans la vie nationale. On l’amuse et on l’abuse. Tous les voyageurs qui ont parcouru l’Allemagne depuis le début de la guerre s’accordent à signaler l’animation factice des grandes villes allemandes où tout commerce est mort, mais où la vie du soir s’efforce de rester brillante. Tous ont parlé de ces restaurants luxueux où bâfrent copieusement les gens riches et les beaux officiers, pour faire croire au peuple, qui les regarde et qui crève de faim, que l’Allemagne a tout en abondance ; tous ont parlé de l’affluence aux théâtres, aux cinémas, dans tous les lieux de distraction ; tous ont dépeint « cette foule abusée, néanmoins lentement avertie, lasse, anxieuse, affectant cependant par ordre une douloureuse sérénité, terrorisée, n’osant rien dire, se sachant menacée à la moindre velléité de plainte ou de franchise ».

 

« Par quels moyens, dit un de ces voyageurs, a-t-on réussi à mystifier ainsi le peuple allemand ? Est-il nécessaire de rappeler le rôle qu’ont joué dès le début la fameuse agence Wolff, les intellectuels, les ecclésiastiques de toutes confessions, la presse des « reptiles » comme disait Bismarck, l’empereur enfin et sa parole impériale ?... Puis les « grandes victoires » en Belgique, la criminelle Belgique, les non moins « grandes victoires » remportées en France fortifièrent si possible et surexcitèrent l’orgueil du peuple. Vinrent ensuite le bluff des zeppelins, les « exploits » des sous-marins. Et quand l’Italie se rangea du côté de l’Entente, on répéta la phrase si ressassée déjà : « Plus nous aurons d’ennemis, plus nous aurons d’honneur à les vaincre. » Les rodomontades « en veux-tu en voilà » ne coûtant rien, on en usa et on en abusa… Les « colossales victoires » sur le front oriental vinrent à point, plus tard, pour ranimer un instant les plus folles espérances d’une paix avantageuse et prochaine. Enfin, la campagne dans les Balkans, entreprise pour retremper par de faciles victoires les énergies défaillantes… »

 

Mais tout ce bluff ne suffisant plus pour galvaniser les enthousiasmes, et la population commençant à se laisser aller à la tristesse, au découragement, au doute, on décréta en haut lieu que la gaîté serait à l’ordre du jour. Les Allemands n’étant plus d’humeur à s’amuser de gaité de cœur durent s’amuser par ordre. Et l’empereur donna cet ordre inouï, cet ordre invraisemblable aux dames de la société berlinoise : « Mesdames rouvrez vos salons. Je veux qu’on danse à Berlin ! » Et les dames rouvrirent leurs salons, car un ordre de l’empereur ne se discute pas. Et elles lancèrent les invitations pour leurs bals. Or, l’une d’elles, qui avait l’habitude d’inviter à ses sauteries les beaux officiers de la garde, s’inquiéta, avant d’envoyer ses invitations, de ce qu’étaient devenus ses danseurs ordinaires. Sur deux cents, cent quatre-vingts étaient morts, ensevelis dans les boues de l’Artois ou dans les marais de Saint-Gond. On dansera cependant à Berlin, pour obéir à l’empereur ; les dames danseront entre elles ou avec les enfants, ou avec les vieux chambellans cacochymes. Ah ! les jolis danseurs qu’il leur a laissés, l’empereur. On dansera pendant que les hommes se feront tuer et que leurs familles mourront de faim. Mais combien de temps dansera-t-on ?

  

   

    

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Les mannequins mitrailleurs

Le journal russe ‘Rousskoïé Slovo’ raconte ceci. Nos éclaireurs, en se faufilant près des tranchées allemandes, y voyaient soudain, à leur profond étonnement, une grande quantité de soldats. Les mitrailleuses étaient là, en rangs pressés et, en outre, les tranchées étaient pleines d’hommes. Pensant que les Allemands préparaient une attaque, les nôtres s’empressaient d’aller avertir leurs chefs ; nous ouvrions un feu violent sur les tranchées allemandes, pour empêcher les Allemands de sortir des tranchées. Les Allemands n’allaient pas à l’attaque, mais répondaient seulement par un feu de mitrailleuses. Et chose étrange, les mitrailleuses tapaient à différents endroits, à tour de rôle, ici, puis là. Ne comprenant pas ce que cela pouvait signifier, un de nos hardis éclaireurs réussit à approcher à l’aube des tranchées allemandes et y resta jusqu’au soir. Il découvrit d’abord que les Allemands avaient dans leurs tranchées, avec deux ou trois soldats vivants, dix ou quinze soldats artificiels, mannequins grotesques revêtus d’uniformes. Et, secondement, il y avait si peu de soldats vivants dans les tranchées qu’il n’y avait pas un homme par mitrailleuse. C’est pourquoi les Allemands, pour bien montrer qu’un grand nombre de mitrailleuses fonctionnaient, devaient courir d’un rang de mitrailleuses à l’autre…

   

  

Les instantanés de la guerre (photos)

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En Alsace - Le départ du permissionnaire

Le village de V…, après de longs mois de bombardement

Frontière d'Alsace - Le général Joffre salue les drapeaux

Frontière d'Alsace - Le général Joffre regardant défiler les troupes

Un régiment d'artillerie prenant position de combat

A la rencontre d'une attaque

Métropolitain Berlin. La femme chef de gare

A Ténédos - La pose d'un moteur sur un biplan

Irréguliers turco-bulgares faits prisonniers

Femmes anglaises chargées du service postal en autos

 

Les instantanés de la guerre (photos)

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Quartier général autrichien dans les Dolomites

En rade de Salonique - La partie de manille à bord

Sur la route d'exil, des paysans serbes croisent un régiment français

Réparation d'une tranchée prise aux Allemands

Soldats monténégrins en embuscade

Monténégrins rapportant leurs blessés

Sentinelle monténégrine devant le Mont Lovcen

Enterrement d'un soldat serbe

La nouvelle mitrailleuse russe

Au Monténégro - Poste d'observation

 

  

Thèmes qui pourraient être développés

  • Etats-Unis - La rupture paraît possible entre les Etats-Unis et l'Allemagne
  • Marine - L'Allemagne avoue la perte de 25% de ses sous-marins
  • La Ligue des Patriotes
  • Marine - Les navires marchands ont le droit d'être armés
  • Turquie - La mort du prince héritier de Turquie, Youssouf Izzedin
  • Industrie - Durée du travail de 11 h
  • Armée - Mort par accident
  • Cameroun - Les forces françaises avancent
  • Allemagne - L'empereur veut qu'on danse à Berlin (LPJ Sup)
  • Les Albanais (LPJ Sup)
  • Les instantanés de la guerre (Photos dans LPJ Sup)
  • Religion - Fête religieuse - La Purification - 2 février


29/01/2016
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