14-18Hebdo

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12e semaine de guerre - Lundi 19 octobre au dimanche 25 octobre 1914

 

LUNDI 19 OCTOBRE 1914 - SAINT PIERRE D’ALCANTARA - 78e jour de la guerre

MARDI 20 OCTOBRE 1914 - SAINT JEAN DE KENTY - 79e jour de la guerre

MERCREDI 21 OCTOBRE 1914 - SAINT HILARION - 80e jour de la guerre

JEUDI 22 OCTOBRE 1914 - SAINT MARC - 81e jour de la guerre

VENDREDI 23 OCTOBRE 1914 - SAINT SEVERIN - 82e jour de la guerre

SAMEDI 24 OCTOBRE 1914 - SAINT MAGLOIRE - 83e jour de la guerre

DIMANCHE 25 OCTOBRE 1914 - SAINT FRONT - 84e jour de la guerre

Revue de presse

-       Les troupes alliées ont repris Armentières

-       De violentes attaques de l'ennemi repoussées à Saint-Dié

-       Ce qu'ils ont fait à Gerbéviller

-       Les Allemands tentent un effort désespéré - Partout ils sont repoussés

-       L'armée allemande qui marchait sur Varsovie est contrainte à une retraite précipitée

-       L'avance des armées russes s'affirme

-       La bataille fait rage dans le Nord

Morceaux choisis de la correspondance

22 octobre - JMO 5e RAC/Groupe 95.- Le groupe de 95 tire depuis le plateau de Montaigu sur différents objectifs. Les batteries allemandes répondent fortement en particulier avec environ 150 obus de 150. La 44e Bie a 2 blessés, le maréchal des Logis Sève et le canonnier Berthet, la 45e le Mal des Logis Aligne, soit 3 au total.

Nous venons d’apprendre que Georges a été grièvement blessé le 8 près de Béthune.

22 octobre - ELLE.- Nous venons d’apprendre que Georges a été grièvement blessé le 8 près de Béthune. C’est Mr L. Vogelweith qui revenant malade du front est venu nous le dire. Il a eu le pauvre Georges une balle de shrapnell dans les reins. Son état a été très grave au début, mais on a pu extraire la balle et Mr V. le dit hors de danger, mais cela nous étonne alors qu’il ne nous ait rien fait écrire s’il ne pouvait le faire lui-même. Maman est partie à 1 heure pour Epinal où elle cherchait à avoir des renseignements et de là pensait se diriger vers l’hôpital où Georges a dû être évacué. Mr. V. croit que c’est à Berck.

En attendant les jours passent et le pauvre blessé, s’il vit encore, doit trouver qu’on ne vient guère vite vers lui.

24 octobre - ELLE.- Que je suis donc anxieuse et que je voudrais savoir où tu es en ce moment, tu ne me gâtes pas depuis quelques temps, tes lettres se font de plus en plus rares. Je t’ai envoyé des cartes ces jours-ci pensant qu’elles t’arriveraient plus vite. Tu as donc dû apprendre brièvement que Georges était gravement blessé. Il l’est depuis le 8 octobre, et, depuis le 5 où il a écrit une carte à Maurice, nous n’avons plus rien reçu ni les uns ni les autres. Sans Mr Vogelweith qui est venu nous le dire et sans Mr Carrelet qui l’a écrit à sa femme, nous ne saurions rien encore.

 

Georges a donc été blessé par un obus, une balle de shrapnell a pénétré dans le rein. Il ne l’a pas sentie de suite. Ce n’est qu’en sentant de l’humidité dans le bas du dos qu’il a passé la main sous sa veste et l’a retirée rouge de sang qu’il a vu qu’il était touché. Il a dit à son compagnon qu’il allait se faire panser et a encore fait 400 mètres à pied pour arriver à l’ambulance. Là, une fois déshabillé, le major a dit que c’était grave et qu’il ne fallait faire aucun mouvement dans son lit jusqu’à ce qu’on ait pu extraire la balle. Il a été transporté à l’hôpital de la Bassée où on l’a opéré 4 jours après. Mr Vogelweith le croyait perdu à ce moment d’après les renseignements donnés par le major, mais après l’opération il a entendu dire qu’on espérait le sauver.

 

Mr V. donnait donc le conseil à Maman de télégraphier au major pour apprendre de lui où on l’avait évacué. Maman est partie de suite à Epinal où par hasard on pouvait télégraphier, elle a lancé des télégrammes donc au major, au dépôt de Gray, à Bordeaux au ministère de la Guerre, en disant qu’on réponde chez Paul Picard à la Banque de France à Paris où elle pensait les trouver en arrivant. Mais à Epinal on l’a complètement dissuadée de partir sans savoir dans quelle ville Georges était resté ou envoyé. De sorte qu’elle est revenue ici très découragée ayant été renvoyée de bureau à bureau, de chef civil à militaire sans obtenir le moindre renseignement. Et en attendant les jours passent et le pauvre blessé, s’il vit encore, doit trouver qu’on ne vient guère vite vers lui. Nous voici au 24 et toujours rien. Heureusement encore que Maman a dit qu’on réponde à Paul Picard, il peut nous faire savoir par l’intermédiaire de la Banque de F. à Epinal à laquelle un fil particulier le relie, tandis que les télégrammes particuliers ne passent plus. Cette faveur n’a duré que 2 jours. On a dit à Maman que les correspondances des blessés subissaient un retard systématique. Tu avoueras que c’est malheureux. Je comprends qu’on arrête les lettres des combattants qui pourraient colporter au loin des renseignements peut-être importants, mais les blessés une fois à l’hôpital c’est tout différent et on ne pense pas assez aux familles angoissées.

 

Enfin nous attendons impatiemment qu’on veuille bien répondre à nos demandes.

Encore rien de Georges. Je me demande à quoi servent ces fameuses infirmières de la Croix-Rouge, elles devraient bien assumer la tâche de prévenir les familles, ce serait la moindre chose, ce n’est rien de donner ses enfants à la France si on sait qu’on peut aller les soigner s’ils sont malades.

25 octobre - ELLE.- Encore rien de Georges. Mr Picard a téléphoné hier soir à la B. de F. à Epinal qui l’a transmis à Maman que le ministère de la Guerre à Bordeaux venait de lui répondre qu’il n’avait aucun renseignement sur le blessé en question. Par contre Mme Perrigot vient de nous envoyer un mot par un cycliste où elle nous annonce que Georges va mieux, que son gendre Carrelet a écrit à sa femme qu’il en a eu des nouvelles. Il le croit à Abbeville. Mais comme Maman est très fatiguée par toutes ces émotions, nous ne voulons pas qu’elle s’en aille au hasard, ce serait malheureux, étant donné que les voyages sont si pénibles, lents et fatigants en ce moment, qu’elle se dirige vers le Nord s’il a été évacué vers le centre ou le Midi. D’autre part, on nous disait qu’il devait être à Berck. Ce serait assez plausible qu’on l’ait laissé dans la région soit Berck, soit Abbeville, puisqu’on recommandait la tranquillité absolue dans son lit.

 

Je me demande à quoi servent ces fameuses infirmières de la Croix-Rouge, elles devraient bien assumer la tâche de prévenir les familles, ce serait la moindre chose, ce n’est rien de donner ses enfants à la France si on sait qu’on peut aller les soigner s’ils sont malades.

 

Je suis allée hier à Cornimont où j’ai trouvé ma maison en très bon état, les bonnes soignent le jardin etc. et jusqu’alors rien n’a pâti. Kommer n’était pas là, il avait passé la révision mercredi et avait fait une demande pour être placé dans un arsenal ou dans un atelier de réparation quelconque. On l’avait convoqué pour passer un examen vendredi et samedi.

 

Je me suis occupée de la maison, de mon jardin puis je suis allée chez Pierre Mangin où je voulais dire ce que j’avais sur le cœur, c.à.d. que son devoir était de rester à Cornimont plutôt que d’aller ajouter par sa présence un fainéant de plus dans les bureaux militaires à Epinal (car on nous a dit qu’il allait venir à Epinal). Inutile de te dire que j’ai employé des termes plus choisis et surtout plus aimables. Je lui ai dit que les usines allaient remarcher un peu partout, que les Kahn et Lang remarchent, que leur gérant sait bien se débrouiller pour recevoir du coton et qu’il fasse lui aussi des démarches pour en obtenir. Il paraît que le coton est à 53 francs en ce moment. Il a dit qu’il allait en racheter et chercher à le faire venir. Il attend qu’il repleuve pour faire de nouveau un peu travailler, trouvant, et ce avec raison, qu’il faut profiter des chutes d’eau et économiser la houille, qui augmente beaucoup évidemment. Mais je ne l’ai pas convaincu, il s’ennuie à Cornimont, fera aussi bien remarcher les usines depuis Epinal, etc. L’autre jour Mr Lanrezac naïvement nous a dit que son oncle veut faire remarcher Demangevelle, c’est sans doute pour cela qu’il préfère être à Epinal.

 

Les officiers du 37e d’art. qui ont été chez nous longtemps nous ont laissé un souvenir. Ils se sont fait photographier dans le fumoir. Les uns fument dans les grands fauteuils confortablement installés, d’autres jouent au jacquet, un autre regarde les stéréoscopes, mon grand portrait les domine. Ils ont encadré cette photo dans un cadre qu’ils avaient pris en Alsace et qui contenait une petite gravure qu’ils ont remplacée par leur photo. Ils l’ont attachée bien en vue au-dessus de ton bureau.

 

On disait à Cornimont que tu étais à la Schlucht avec tes artilleurs et que tu avais demandé à y venir pour être près de Cornimont et pouvoir t’occuper des usines et les faire marcher, que Mr Mangin et toi n’étiez pas du même avis, l’un voulant les arrêter, l’autre voulant les faire marcher. J’ai dit aux bonnes que ce n’était pas vrai et que tu ne pouvais pas demander où tu voulais aller mais que tu devais être dans le Nord.

Gravures du Petit Journal - Supplément illustré - 25/10/1914 (N° 1244)

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Il ne dort plus !...

Le Kaiser ne dort plus. Des journaux américains qui ont pu recevoir des informations du grand quartier général allemand affirment qu’il passe toutes ses nuits blanches. En vain son état-major lui fait-il toujours placer la maison démontable qui le suit partout loin du bruit des canons, hors des rayonnements des réflecteurs électriques… en vain !... dans son lit moelleux, il ne dort plus. « Son attitude, disent nos confrères américains, révèle une grande lassitude et une profonde dépression morale. » C’est que s’il n’entend pas le canon, s’il ne voit pas les projecteurs électriques, d’autres bruits, d’autres visions plus terribles doivent traverser ses hallucinations nocturnes. Son état-major aura beau faire, il n’empêchera pas qu’il entende les cris des blessés et des mourants, qu’il voie les ombres des mères et des veuves le maudire et le menacer. Il n’empêchera pas le remords de l’assaillir. Dût-il lui établir son lit plus loin encore du bruit et de l’éclat des batailles, dût-il, comme le firent pour leur père les enfants de Caïn, lui descendre sa couche au fond d’un caveau sous la terre, le Kaiser n’en entendra pas moins les râles, il n’en verra pas moins les poings tendus vers lui… Le Kaiser ne dormira plus !

 

 

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Soldats indiens au combat - Nos alliés d’Orient

Nous disons plus loin, dans notre « Variété », ce que sont ces superbes troupes de l’Inde dont l’ardent loyalisme égale l’intrépidité. Notre gravure montre une des façons de combattre de ces soldats d’Orient. Ils sont comme les soldats anglais vêtus de kaki, mais ils gardent comme coiffure le haut turban national. Ils sont armés du mousqueton à chargeur et de la baïonnette-couteau. Mais en outre ils ont toujours le « Kukry » arme nationale, sabre court et large si bien affilé que d’un seul coup bien appliqué, il fait voler au loin la tête de l’adversaire. Un de nos confrères rappelait dernièrement un passage du ‘Ramayana’, le livre sacré des Indiens, qui résume en quelques lignes les préceptes guerriers de ces soldats. « Glisse-toi dans l’ombre comme un tigre dans la jungle, retiens ta respiration, arrête le battement de ton cœur, éteins le feu de tes regards. Sois tour à tour dans la nuit la pointe du roc ou la souche morte. Sache rester immobile, une nuit, un jour, une nuit et un jour encore. Puis quand ton ennemi, rassuré, s’endormira, va, frappe-le à la gorge et vide-le de tout son sang. » Notre gravure est l’illustration même de ces préceptes. Un des officiers qui commandent ces hommes indomptables disait d’eux l’autre jour : « They are like tigers in the night ». - Ils sont comme des tigres dans la nuit. C’est ainsi que les a représentés notre dessinateur. Mais il ne faudrait pas croire que ce soit là leur seule façon de combattre. Ils sont également d’excellents soldats souples à la manœuvre, tireurs de premier ordre, car ils sont dès l’enfance accoutumés à la chasse des fauves et cavaliers habiles à manier leurs rapides montures, sans compter la dextérité avec laquelle ils jouent des longues lances dont ils sont armés. Le Kaiser sans doute les méprisera comme il méprise l’armée anglaise… Mais nous verrons quelle contenance feront ses Boches devant leur « Kukry ».

Thèmes qui pourraient être développés

  • Gerbéviller
  • La chasse aux Austro-allemands en Angleterre
  • Les télégrammes particuliers ne passent plus
  • Le Kaiser ne dort plus : voir LPJ Supplément illustré 25/10/1914
  • Les troupes de l'Inde : voir LPJ Supplément illustré 25/10/1914


17/10/2014
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